Hélène Bruntz

Dans les années 2020, à Paris.

Sur une table de café, près de l’ancien Palais de Justice, un homme grisonnant a déplié son journal et le feuillette lentement, comme chaque matin à la même heure.

Mais aujourd’hui, devant la double page centrale, il reste en arrêt. Il vient de recevoir un choc, et lève lentement les yeux.

Sous ses mains se déploie une liste interminable : celle des morts de la rue. Tous ceux de l’année.

Sur cette liste, aucun nom de famille. Mais des prénoms de toutes les origines. Et l’estimation approximative des âges.

L’homme médite un instant. Le plus jeune de ces morts avait « environ trente ans ».

Et il s’appelait Antoine. Comme lui.

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