Hélène Bruntz

Violette connaissait par cœur la fébri­lité de l’écriture, cette pos­ses­sion qui éli­mine jusqu’au plus ur­gent. Partout, dans le métro, dans la rue, elle posait des phra­ses. N’im­por­te quel sup­port faisait l’affaire. Elle com­blait chaque silence. Elle dévi­dait le fil.

L’écriture était un détergent plus puissant encore que la lecture. Violette effaçait les pous­siè­res du présent, nettoyait dans les recoins de son cœur…

Quelqu’un lui avait dit :

« Un jour, vous trouverez une de ces aiguilles que nous avons tous plantées dans l’âme… »

Peut-être cherchait-elle trop loin. Elle creusait des sillons, suivait des chemins escarpés.

Elle se couchait épuisée. Et s’endormait, point à la ligne.

Elle avait besoin d’écrire, pour rencontrer les autres dans l’absence.

Mais l’aiguille lui échappait toujours.

[...]

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