Violette connaissait par cœur la fébrilité de l’écriture, cette possession qui élimine jusqu’au plus urgent. Partout, dans le métro, dans la rue, elle posait des phrases. N’importe quel support faisait l’affaire. Elle comblait chaque silence. Elle dévidait le fil.
L’écriture était un détergent plus puissant encore que la lecture. Violette effaçait les poussières du présent, nettoyait dans les recoins de son cœur…
Quelqu’un lui avait dit :
« Un jour, vous trouverez une de ces aiguilles que nous avons tous plantées dans l’âme… »
Peut-être cherchait-elle trop loin. Elle creusait des sillons, suivait des chemins escarpés.
Elle se couchait épuisée. Et s’endormait, point à la ligne.
Elle avait besoin d’écrire, pour rencontrer les autres dans l’absence.
Mais l’aiguille lui échappait toujours.
[...]